Logique algorithmique à l'oeuvre :
La cité nostalgique

La Cité baigne dans une nostalgie pour le passé. A contrario de tout ce qu’on avait imaginé pour eux, les habitants se sont détournés des fantasmes de prédiction ou d’anticipation, pour se recentrer sur la Ville et la vie d’hier. Toute l’intelligence et la performance de pointe de l’environnement urbain répondent à un certain manque nostalgique pour le passé. Les données d’aujourd’hui croisent celle d’hier pour donner à voir ce qui n’est plus.

Fonctionnalités de cet algorithme :
— Archiver le quotidien afin comprendre comment la ville en est arrivée là où il en est aujourd’hui
— Gérer les souvenirs numériques et physiques des défunts
— Assurer une numérisation de la ville contrôlée : ne pas défigurer le passé de la Cité avant qu’elle ne devienne intelligente, que ce soit dans l’architecture ou dans les usages
— Soutenir une expérience urbaine axée sur le revival

Et si... la Cité utilisait son intelligence pour faire revivre le passé ?

La Cité est entrée dans une phase de regret généralisé. Les «c’était mieux avant» sont devenus complaintes quotidiennes. «L’avant» est devenu source de fantasme, un âge d’or sacré, que l’on rêve de revivre. Afin de rétablir le niveau de productivité, grandement mis à mal par la généralisation des dépressions au sein de la population, les pouvoirs publics ont décidé d’agir sur le moral des citoyens. Pour ce faire, ils ont donc opéré une complète réorganisation de la ville ainsi qu’une nouvelle orientation des technologies de la smart city, axée sur l’immersion fictive dans ces temps regrettés, grâce notamment à l’affichage urbain.

Les personnes âgées sont au cœur de la ville, rassemblées dans un même lieu. Ces ancêtres ont un rôle de transmission de mémoire et du passé, en racontant l’histoire de leurs vécus. Les habitants viennent régulièrement les visiter - pas seulement leurs ancêtres respectifs, mais aussi ceux des autres - pour écouter et vivre un moment d’immersion dans la ville du passé. Les visiteurs recueillent leurs témoignages dans leurs SmartMadeleines, un boîtier qui enregistre le son et les projections mentales.

Cependant, cette transmission est biaisée. En effet, ces archives vivantes ne sont plus de simples retraités, mais sont engagées par les autorités pour transmettre une mémoire positivée du passé, en omettant tout mauvais souvenir. Ainsi, lors de la narration, le boîtier filtre, relié aux électrodes placées sur la tête de l’ancêtre, permet de ne laisser passer aucun potentiel souvenir ou résidu de souvenir négatif - couleurs agressives, scènes de violence, cris…

Lors de leurs déplacements dans la ville, les habitants peuvent ensuite scanner leurs SmartMadeleines sur les bâtiments, équipements, voitures, …, qui sont recouverts d’écrans, et à la manière d’un puzzle les différentes captations s’assemblent pour afficher une représentation visuelle et sonore de ces mêmes objets “au passé”. Les participants peuvent aussi réécouter leurs enregistrements quand ils le veulent, à la manière de podcasts.

Disposant d’un statut presque chamanique, les ancêtres sont adulés. Des efforts scientifiques ont été fournis afin de pouvoir les maintenir en vie le plus longtemps possible : à présent ils peuvent vivre pendant 180 ans et en bonne santé, grâce à des traitements médicaux. A leur mort, ils sont incinérés, et leurs cendres sont insérées dans de petites pailles qui sont distribuées aux femmes enceintes. Celles-ci sont invitées à sniffer le contenu pendant leur grossesse, afin de transmettre l’esprit du défunt – et la mémoire du passé - au nouveau né à venir.

> Télécharger le manuel d'utilisation de la SmartMadeleine

> Télécharger l'invitation à une "baby-shower funéraire augmentée grâce à SmartMadeleine"