L’ÉCOLOGIE ET LA NATURE DANS LA CITÉ DES DONNÉES
La Cité des Données pratique une éco-responsabilité ambiguë : sa
construction et son entretien ont un impact certain sur l’environnement.
Tout comme chaque élément de la Cité des Données, la nature est elle
aussi soumise à la logique de contrôle et de prédiction : la
biodiversité n’est qu’un élément supplémentaire à exploiter dans cette
recherche d’efficacité que mène la ville connectée.
Les animaux apportent leur lot d’imprévus et de détournements en tout genre que la Cité des Données doit apprendre à gérer.
LA VILLE ENTRE VERT ET GRIS
Dans sa grande intelligence, la Cité des Données, a promis d’être plus responsable et économe en énergie. Son éco-responsabilité passe par une optimisation et une responsabilisation des consommations d’énergie. Mais peut-on vraiment parler de ville intelligente quand on sait qu’elle base la construction de ses systèmes informatiques sur l’extraction de terres rares et autres métaux précieux à l’autre bout du monde ? Une extraction qui est souvent faite au détriment du respect des populations locales et du caractère limité des ressources naturelles. C’est en fait construire quelque part en détruisant ailleurs. De même, les systèmes de stockage et de traitement de la donnée se montrent très gourmands en énergie pour fonctionner – alimentation et refroidissement – ce qui oblige à rouvrir des usines à charbon, pour alimenter certains datacenters urbains.
LA NATURE MISE À PROFIT
Les enclaves de verdures, contrôlées et monitorées par des capteurs,
témoignent d’une gestion comptable de la nature. Cette dernière tend à
être vue par le seul prisme des bases de données, en dé-corrélation avec
un rapport direct – et sentimental – au terrain.
L’écologie est soumise à la même nécessité d’efficacité à tout prix. On
gère la biodiversité comme on gère les autres commodités urbaines : en
équilibrant des colonnes de chiffres et en essayant d’en prédire les
conséquences – bénéfiques ou non – que pourrait amener le végétal. Les
plantes jugées potentiellement allergènes sont par exemple bannies de la
Cité.
DE JEUNES POUSSES REBELLES
Les citoyens les plus vindicatifs, héritiers du guerilla gardening, soulignent que, dans certains espaces verts de la Cité des Données, il est devenu impossible de planter certaines semences non-certifiées, sous peine d’être très vite repéré par le système intelligent du parc. On note la pratique émergente du datamouflage : certaines personnes se font passer pour des animaux afin d’échapper aux capteurs en masquant leur véritable identité. Les motivations sont diverses : éviter des taxes de présence dans certains lieux publics ou préserver son anonymat.
LORSQUE LA NATURE S’INVITE EN VILLE
Les animaux ne sont pas en reste dans la biodiversité. Qu’ils soient
domestiques ou sauvages, ils sont source d’imprévus que n’apprécie guère
la Cité des Données. Un nouveau groupe de braqueurs, les Falcon Punch, a
remis la fauconnerie au goût du jour en se servant d’oiseaux de proie
pour intercepter les drones autonomes qui assurent les missions de
coursiers VIP ou de livraison classiques. Leurs oiseaux attaquent les
drones pour les forcer à se poser ou viennent directement leur voler
leurs paquets.
Légendes urbaines
De nouvelles légendes urbaines font leur apparition : des rats
rongeraient les câbles optiques, des oiseaux feraient leurs nids dans
des datacenters… Les animaux sont les nouveaux “bugs”, petits
perturbateurs de l’infrastructure intelligente. Les théories les plus
farfelues parlent des ondes électromagnétiques qui auraient fait naître
des bébés animaux souffrant de déformations ou d’électrosensibilité.
Mais c’est aussi la fin d’anciennes légendes urbaines : le système de
capteurs des égouts a enfin permis de prouver qu’aucun d’alligator ne
s’y cachait !