LES ESPACES ET LES TRANSPORTS DE LA CITÉ DES DONNÉES
Dans la Cité des Données, tout n’est qu’accélération. Vous êtes
“invité(e)”, à votre échelle, à rester en mouvement pour éviter de
ralentir l’ensemble de l’activité urbaine.
Les loisirs se basent sur l’économie de l’e-réputation. Pour y accéder,
vous devez prouver par vos données et autres historiques que vous êtes
digne d’y accéder.
Les transports autonomes se montrent techniquement vulnérables et
socialement questionnables. Entre pannes et injonction à la
productivité, leur intelligence proclamée est parfois leur plus grande
faiblesse.
UN ESPACE COMPÉTITIF
Pour faire face au défi d’une densité croissante, l’espace public repose sur un principe de taxation volante : plus il y a de demandes et plus vous restez, plus vous payez. Ce banc sur lequel vous êtes assis pourrait vite vous coûter une petite fortune à l’heure de la pause déjeuner.
UN ESPACE MOUVANT
En conséquence, la ville se tourne vers le nomadisme et pop-upisme :
on voit fleurir les installations temporaires ou itinérantes, répondant à
cette injonction d’être en mouvement.
La ville remanie son infrastructure pour éviter la formation de
“grumeaux urbains”, ces éléments qui ralentissent les flux de personnes
ou d’activités. Obstacles physiques et personnes “non-efficientes”,
comme les flâneurs, marginaux, SDF et SAD (personnes sans-activité
définie), ne sont pas les bienvenus.
LE POIDS DE L’e-RÉPUTATION
Une demande toujours plus forte entraîne une nécessaire sélectivité.
L’e-réputation régit l’économie des loisirs : il s’agit d’avoir un bon
profil, certifié par des données authentiques qui servent d’attestation,
pour pouvoir accéder à certains espaces, services et commerces. Le
niveau de service dépend également de votre réputation. A l’origine de
cette transformation : la tendance du tout connecté, qui facilite
l’évaluation des personnes en temps réel selon leurs actions et leurs
expressions, faciale comme verbale.
Des déplacements optimisés
C’est l’âge d’or des modes de transport intelligents et autonomes. Mais
tous ont été curieusement pensés selon une idéologie productiviste : ils
doivent nous faire gagner en productivité, dans notre vie personnelle
comme professionnelle. Ne seraient-ils pas devenus qu’une extension du
bureau et de sa logique ?
HUMAINS ET MACHINE : UNE COHABITATION IMPARFAITE
La cohabitation s’avère difficile entre transports autonomes – individuels comme collectifs – et ceux qui sont encore opérés par des humains, par dérogation. Chacun doit apprendre la logique de l’autre, mais la priorité est donnée aux véhicules autonomes. Ceux-ci se montrent vulnérables au hacking : pannes & accidents sont souvent liés à des actes de malveillance. Le bon fonctionnement de la Cité des Données repose sur une discipline méconnue : l’éthique des machines. Elle cherche à définir, par exemple, qui doit mourir dans une situation d’accident, calculant plusieurs options possibles. Et c’est bien une chose que les données ne peuvent aider à définir…